D day / jour J / In memoriam revocare -V2

Publié le par Fab

Version 2 enrichie de quelques données manquantes.

Billet en hommage à tous ceux qui sont venus botter le cul à Adolf.

C'était le 6 juin 44, il y a 65 ans...

Ils sont venus de leur Colorado natal,  leur moyenne d' âge tournait autour de 26 ans à peine.

Souvenez-vous de vos 26 ans à vous.

Leur espérance de vie, si je puis parler ainsi, était de 7 seconde et demi un fois le pied posé sur la plage.

Dix mille morts le soir du 6.

Si vous ne l'avez pas fait, allez aussi un jour à Colleville (USA) ou à la Cambe (Deutschland), c'est le meilleur hommage à leur rendre, aller les voir là où ils reposent.

Je tape ce billet aussi en regardant au mur le placard de médailles de mon Grand-Père (il les a toutes eues ou presque) qui à 33 ans, a laissé sa famille pour rejoindre le Maquis (sa femme ne le lui pardonnera jamais au retour, mais ceci est une autre histoire).
C'était en 1943...


L'histoire, tout le monde la connaît, encore que, dans notre mémoire (je parle des français), nous avons oublié la "guerre des haies",  la "hedgerow warfare" en VO,  où durant les deux mois suivant le débarquement, l'issue de la guerre s'est réellement joué.

Dans les faits, une vraie tuerie à l'occasion de laquelle les boys firent connaissance avec la "scie circulaire d'Hitler" comme ils la surnommèrent (jamais égalée à ce jour) et qui fit un carnage inouï.


Les blindés et l'artillerie furent totalement inadaptés, les routes bordées de fossés obligeaient les convois d'être en enfliade, offrant des proies faciles aux Allemands qui les laminèrent à coups de Panzerschrecks.

Et c'est à pied,  champ par champ, chemin par chemin, ferme par ferme que les boys ont du progresser.

Face à eux, outre la sinistre MG 42, des snipers, des pièges en tout genre (fil de fer tendu sur la route qui décapitait les mecs passant en Jeep), et des gars issus de la Waffen SS ou des Fallschirmjäger qui revenaient de Stalingrad bien conscients que tout se jouait ici.

Pour les Ricains, cet épisode, c'est comme la bataille de la Somme pour les Rosbifs, un évènement fondateur de leur histoire : 130 000 tués, 340 000 blessés et 20 000 civils tués (70 000 jusqu'en 1945)...

On l'a oublié, mais le taux perte quotidien fut supérieur à celui rencontré à Stalingrad ! Je crois même qu'y a pas eu pire depuis lors.

Verdun sur Vire en somme.

Témoignage aussi des lourdeurs et de l'incompétence de la bureaucratie de l'Etat major US, et prémisses des futurs conflits impliquant Uncle Sam : une logistique énorme, une stratégie reposant sur l'écrasement, mais une incapacité congénitale à tenir le terrain et retourner les populations en sa faveur.

Notre iconographie et filmographie de l'époque est riche, encore que souvent largement édulcorée.

Pas grand chose à voir en effet entre  "Le Jour le plus long " et le début de "Il faut sauver le soldat Ryan".

Pour ceux qui auraient oublié :


Si vous pouvez le trouver,
revoyer "La guerre en couleurs" (une émission de France 2 qui compilait les reportages d'époque en couleurs, pour l'essentiel US, les allemands , Agfa, n'avaient plus rien en pellicules couleur depuis 41).

Saisissant ...

Une autre chose.

Comme je le disais, ce fut une guerre d'adolescents.

J'ai acheté au
Mémorial de Caen un petit bouquin, c'est "Paroles du jour J".

Un recueil de lettres (des deux côtés) de soldats qui ont participé au Débarquement (aux débarquements, Dieppe n'est pas omis).

J'ai choisi celle de Robert Boulanger, même s'il n'en fut pas en 44.

Robert était québecois, il avait 18 ans, il est mort d'une balle en pleine tête, lors du débarquement de 1942 à Dieppe.
Un véritable désatre militaire
 (2 000 morts sur les 8 000 soldats engagés dans l'opération) dont les motivations furent uniquement politiques : donner des gages de bonne volonté aux soviétiques empêtrés alors à Leningrad.

Sa lettre, à l'attention de ses parents, fut récupérée dans son battle dress.

Quelques extraits (j'ai zappé, la messe et le repas avant de partir) :

Chers papa et maman,

...Je continue ma lettre à bord de notre péniche d'assaut, qui nous amènera à notre cible. Nous sommes chanceux, car la mer est très calme, la température ainsi que le temps sont au beau. L'on nous dit que l'engagement avec l'ennemi prendra place vers 5h30. [...]
La lune nous éclaire suffisamment pour que je puisse continuer. Il y a deux heures et demie que nous naviguons, et je dois faire vite avant la nuit noire. J'en profite pour vous demander pardon pour toute la peine et les fautes que j'ai pu vous causer, surtout lors de mon enrôlement. [...] Si je reviens vivant de cette aventure et si je retourne à la maison, à la fin de la guerre, je ferai tout pour sécher tes larmes, maman, je ferai tout en mon pouvoir afin de vous faire oublier toutes les angoisses dont je suis la cause. [...] Mais lorsque vous apprendrez avec quelle bravoure je me serai battu, vous me pardonnerez toutes les peines que je vous ai causées. [...]
L'on nous avertit que nous sommes très près de la côte française. Je le crois, car nous entendons la canonnade ainsi que le bruit des explosions, même le sifflement des obus passant au-dessus de nos têtes. Je réalise enfin que nous ne sommes plus à l'exercice. Une péniche d'assaut directement à côté de la nôtre vient d'être atteinte, et elle s'est désintégrée avec tous ceux qui étaient à son bord. [...] Oh! mon Dieu, protégez-nous d'un pareil sort. Tant de camarades et amis qui étaient là voilà deux minutes sont disparus pour toujours. C'est horrible. Si je devais être parmi les victimes, Jacques vous apprendra ce qui m'est arrivé, car nous avons fait la promesse de le faire, pour l'un ou l'autre, au cas où l'un de nous ne reviendrait pas. Je vous aime bien et dites à mes frères et soeurs que je les aime bien aussi du coeur.»

Respect les boys  !

 We shall fight in France. We shall fight on the seas and oceans. We shall fight with growing confidence and growing strength in the air. We shall defend our Island, whatever the cost may be. We shall fight on the beaches. We shall fight on the landing grounds. We shall fight in the fields, and in the streets, we shall fight in the hills. We shall never surrender!


Winston Churchill - 4 juin 1940

Nous nous battrons en France. Nous nous battrons sur les mers et les océans. Nous nous batttrons avec une confiance croissante et une force croissante dans les airs. Nous défendrons notre île, quel qu'en soit le prix. Nous nous battrons sur les plages. Nous nous battrons sur les terrains de débarquement. Nous nous battrons dans les champs, et dans les rues, nous nous battrons dans les montagnes. Nous ne nous rendrons jamais ! 

Bande son : Michel Sardou -Les Ricains 
 

Publié dans Histoire

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