Belles lignes (14) / Épictète - Manuel

Publié le par Fab

Il est des courants philosophiques comme des fringues...

Certains vous seront toujours étrangères alors que vous vous glisserez spontanément dans d'autres.

Personnellement, à la minute où je "les" ai découverts, je me suis senti immédiatement en phase avec les stoïciens, sans dédaigner pour autant les "autres".

Pourquoi ?

Peut être parce que pour eux, le Ciel étant "vide", c'était "Hic et nunc" (ici et maintenant) et que par incidence comme il ne fallait pas avoir non plus un vaine espérance dans un "après" hypothétique, ils nous ont légué une certaine approche de l'existence qui résonne toujours en moi.

Ce soir, un hommage à l'un d'entre eux, Épictète.


Sa bio est ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pict%C3%A8te
 
Il ne nous reste pas grand chose de lui à part un Manuel dont sont extraits les lignes qui suivent ainsi que des Entretiens.
Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d'autres non.
De nous, dépendent la pensée, l'impulsion, le désir, l'aversion, bref, tout ce en quoi c'est nous qui agissons; ne dépendent pas de nous le corps, l'argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n'est pas nous qui agissons. 

Ce qui dépend de nous est libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves; ce qui n'en dépend pas est faible, esclave, exposé aux obstacles et nous est étranger.


Donc, rappelle-toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pour un bien propre ce qui t'est étranger, tu vivras contrarié, chagriné, tourmenté; tu en voudras aux hommes comme aux dieux; mais si tu ne juges tien que ce qui l'est vraiment - et tout le reste étranger -, jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route; tu ne t'en prendras à personne, n'accuseras personne, ne feras jamais rien contre ton gré, personne ne pourra te faire de mal et tu n'auras pas d'ennemi puisqu'on ne t'obligera jamais à rien qui pour toi soit mauvais.

Donc, dès qu'une image viendra te troubler l'esprit, pense à te dire: "Tu n'es qu'image, et non la réalité dont tu as l'apparence."
Puis, examine-la et soumets-la à l'épreuve des lois qui règlent ta vie: avant tout, vois si cette réalité dépend de nous ou n'en dépend pas; et si elle ne dépend pas de nous, sois prêt à dire: "Cela ne me regarde pas."

Ce qui tourmente les hommes, ce n'est pas la réalité mais les opinions qu'ils s'en font. Ainsi, la mort n'a rien de redoutable - Socrate lui-même était de cet avis: la chose à craindre, c'est l'opinion que la mort est redoutable. Donc, lorsque quelque chose nous contrarie, nous tourmente ou nous chagrine, n'en accusons personne d'autre que nous-mêmes: c'est-à-dire nos opinions.
Accuser les autres de ses malheurs est le fait d'un ignorant.
S'en prendre à soi-même est d'un homme qui commence à s'instruire.
N'en accuser ni un autre ni soi-même est d'un homme parfaitement instruit.

Lorsque tu en arrives à la conclusion qu'il faut faire une chose, fais-la, et ne cherche pas à t'en cacher même si les gens risquent d'en penser du mal. Car ou bien tu as tort d'agir ainsi, et il ne fallait pas le faire, ou bien tu as raison, et tu n'as pas à craindre les reproches injustifiés

Publié dans Littérature

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