Mes filles préférées... au Musée ! (4)

Publié le par Fab

A ma chère Ch..., pour son goût parfait en la matière et son Pygmalion et Galatée dont je ne me lasse pas.  


Allez, ce soir, une belle italienne bien carossée, OK, d'accord, moins beauf', j'arrête.

J'ai eu la chance de l'admirer en "live" lors d'une escapade à Florence.

Elle est à la Galerie des Offices avec d'autres beautés du même calibre.

C'est la Vénus d'Urbino de Le Titien (1490-1576)


Elle a été peinte pour Guidobaldo Della Rovererancesco, le Duc d'Urbino (Région des Marches).

Son père avait déjà acheté, deux ans plus tôt, le portrait du même modèle, La Bella, qui est au Palazzo Pitti, (toujours à  Florence, mais "en face"). La Bella portait une belle robe, Guidobaldo voulait avoir son portrait nu.

Le Titien reprend ici un sujet  déjà abordé par son ami Giorgione, mort prématurément, la Vénus endormie (un clic pour voir).

 
http://artmight.com/albums/2011-02-07/art-upload-2/t/Titian-Tiziano-Vecellio-/Titian-Venus-of-Urbino-1538.jpg

   


Deux, trois éléments pour nourrir votre réflexion, je n'invente rien, je vous laisse les sources en fin de billet.

Thématique : il vous faut un dessin ? Je sais, facile. La Vénus de Giorgione dormait, elle !
Plus sérieusement, on attribuait une puissance magique aux images à l'époque et il était même recommandé dans l'alcolve conjugal d'orner un recoin avec...bref, sachez seulement que la Duchesse tirait dans les quatorze ans lors de la livraison du tableau.


(parenthèse)

Je vous livre, trouvé par sérendipité, ce que Mark Twain, qui visita l'Europe écrivait à son sujet.
En droite ligne de cet éternel "sale gosse" provoc' que j'aime tant.
Ferai un truc sur lui un jour.
Traduction perso et inédite, source en VO ici :http://www.gutenberg.org/files/3190/3190.txt 

"Vous entrez et vous vous dirigez vers la petite galerie la plus visitée au monde, et là, sur le mur, sans aucun voile ou tissu pour la dissimuler, vous pouvez vous rincer l'oeil avec la plus malsaine, ignoble et obscène image que le monde possède : la Vénus d'Urbino de Le Titien.
Ce n'est pas qu'elle soit nue et étendue sur un lit, non, c'est l'attitude d'un de ses bras et de sa main.
Si je m'aventurais à décrire cette attitude - il y aurait une condamnation unanime- mais la Vénus est allongée, pour quiconque se réjouit  à vouloir- et elle a le droit de s'allonger -que cela soit une œuvre d'art, et l'Art a ses privilèges.
J'ai vu des jeunes filles lui adresser des regards furtifs.
J'ai vu un jeune homme la contempler fixement l'air très absorbé
Je vis même un vieil infirme, l'air pathétique fasciné par ses charmes.
Comment la décrirais-je, juste pour voir quelle foutue indignation je pourrais semer sur la planète et rien que pour entendre l'avis de l'homme de la rue à propos de ma grossièreté et mon obscénité; et tout ça ..."


Construction :

Deux thèmes, trois personnages dans le tableau.
Le décor est réalisé avec autant de soin que le sujet principal.
Un magnifique clair-obscur.

Le Titien se f... de nous avec sa perspective "ratée" pour mieux "nous" emmener là où il veut, au centre...
Regardez la hauteur du carrelage, l'horizontale, par rapport au lit et le panneau noir dont la ligne verticale croise le lit et la main ...au centre.
Enfin, les deux jeunes femmes du fond sont "trop petites" par rapport à la distance supposée.
Notre regard ne peut que faire visage-maingauche-décor

La Vénus.

Une pose lascive, appuyé sur l'épaule droite, toute en suggestion et délicatesse. 
Le visage et les yeux tournés vers le spectateur.

Blonde, cheveux détachés, petits seins, habillée avec ses bijoux.

L'idéal féminin de la Renaissance.

Me rappelle :

La trés- chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des mores


Symbolique :

Les filles derrière rappellent un cadre familier et intime rompant avec le décorum habituel (nature, bord de rivière,...).
Cette scène domestique montre une fille ouvrant un coffre, recherche du secret, résonnance avec le mythe de Pandore ?
L'autre porte une robe sur son épaule, pour la ranger ou venir habiller "notre" Vénus ?
Vénus tient des roses, un de ses attributs.
Le chien, lui symbolise depuis toujours la fidélité, je sais, si c'est une chienne on change de registre...

Pour finir, ma préférée de la Galerie des Offices avec quelques Boticelli et un autoportrait d'Elisabeth Vigée Lebrun.

Pour ceux qui veulent aller plus loin, je vous invite à lire un abstract d'une étude remarquable faite à propos de cette oeuvre par l'historien d'art Daniel Arasse, c'est ici :

http://www.cineclubdecaen.com/peinture/peintres/titien/venusurbino.htm


 

 

Bande son : Stéphane Pompougnac / Hôtel Costes vol. 5

Publié dans Arts et culture

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